What grows on you?

tu grow on me
le feu dans Barcelone
avant l’épidémie
vestiges de Babylone

tu grow on me
tu glow in the dark
t’es l’aube et la nuit
la foule de Newark

I once was a kingdom
avant que tu ne le nommes
mais tu grow on me
souveraine ennemie

I once was a kingdom
But in cauda venenum
So tu grow on me
Now the kingdom’s down

t’occupes tous mes ailleurs
tu grow all over me
t’es la plaie qui me libère
d’être libre

À côté

j’suis à côté de mes pompes
assis par terre
je regarde le ciel qui tombe
paratonnerre

une marguerite entre les dents
le lac aux pieds qui part au vent
le jour a peur de voyager
noie sa quiétude dans le vouvray
le lac se mire dans ma gueule demi-onde
j’sais plus trop ce qui me fascine du monde
peut-être qu’au fond ‘ y a que de la fange
une vieille botte deux trois poissons
j’irai pas voir de toute façon
je me noierais bien dans sa face d’ange

la vieille route marche le dos courbé
moi j’ai une humeur d’angleterre

je regarde le ciel qui tombe
paratonnerre

Les sirènes hurlent encore

À la fenêtre d’une maisonnette propre et chaude, un après-midi de canicule, le soleil irradie en faisceaux larges; un lierre sur le réfrigérateur qui tonnerre d’épuisement laisse choir ses feuilles le long des verticales, en gros traits de fusain se trace cette cuisine accueillante qu’on a désertée longtemps.

Pourtant fréquenté assidument jadis, ni davantage par envie que faute de mieux, mais peut-être simplement parce qu’il fallait bien être quelque part, le lieu n’est plus désormais qu’une collection d’espaces vides entre des traits estompés sur du papier bristol. Les personnages auront choisi d’être ailleurs, ou de ne plus être. La scène aura perdu ses couleurs, l’avocat des murs, le brun tacheté du linoléum, le rouge sur les visages, le bleu de leurs souffles à l’oreille l’un de l’autre après une colère de jalousie sans autre fondement que le sentiment de vivre davantage quand on hurle…

Peut-être il a fait trop chaud, ou ce sont les humeurs qui se sont échauffées, entre les exhalaisons d’alcool et la fermentation du contenu des deux poubelles; le petit chat a suffoqué et nos voix sont devenues rauques. Un minuscule ventilateur tourne au ralenti, suspendu au plafond, propulsant vers nous un air plus chaud, vicié par l’odeur du bois de la charpente qui cuit dans sa papillote de bardeau goudronné et de brique.

Au loin un voisin dont on oublie le nom la plus grande part du temps fume. Des cigarettes à l’odeur âcre, pas le moins du monde sucrées, qui sentent l’incendie d’usine de pneus… Pendant que nous mettons le feu au matelas, question que n’existe plus ce sanctuaire issu d’une autre esquisse de vie. Véhémence, le regard planté comme un couteau qui transperce la tête, les tempes humides, la haine qui rigole dans le dos de tout le monde, mêlée de sueur, les ongles qui s’enfoncent lentement dans les bras jusqu’à blesser la chair, le derme saignant à en donner des arguments en faveur du végétarisme, et cette incroyable variété de vide spontané qui se crée au cœur de l’humain. Des dents serrées qui empêchent les idées de seulement se former, des traits crispés qui originent peut-être de l’absorption de la chair par la chair, et cette chaleur englobante qui n’a probablement d’égal que le feu qui nous consume, et la glace dans l’évier, qui continue de s’écouler; résurgence d’une fête canaille à laquelle, comme toujours, nous nous sommes refusés.

Sur le croquis original, il y avait des fleurs, montées en arrangements joliment exécutés, sur toutes les tables. Mais la petitesse du logis nous a forcé à n’en disposer qu’une dans la pièce, au centre de trois chaises disparates — une pour chacun de nous et l’autre pour asseoir le ressentiment. Le jardin se révélant démuni comme nous, un seul bouquet n’a jamais orné le billot où nous nous tranchons quotidiennement la tête, qu’on a laissé, fané, trôner en maître des lieux. Pour sujets, quelques fruits brunis par la sécheresse. Longue vie à notre amour-roi.

Tu me cracherais au visage, en lieu et place des larmes qui ne me viennent pas. Je porterai longtemps sur mes avant-bras les stigmates de ton incursion dans mon corps, dont les autres plaies auront trop bien cicatrisé. Les soirs orageux, chaque éclair me rappellera la seule gifle qu’on m’ait jamais infligée. Faut-il donc tant de mépris pour nous aimer juste un peu? Je n’ai pas idée encore qu’il s’agisse peut-être précisément de ma plus grande méprise, celle-là même dont je serai des années durant nostalgique, parce que la douleur nous excite comme une mare de sang un carnassier.

L’incendie durera des jours. Il se sera déclaré, dira-t-on, par combustion spontanée, ce sera la seule explication plausible, cependant qu’il aura fait rage si longtemps qu’on n’aura retrouvé au terme de l’enquête aucun cadavre, pas même sa dentition. Allongés sur le parvis d’une église à proximité, nous portons, seuls, le secret de ses dents enfouies dans nos crânes, dans nos cous et nos mollets; elles nous blesseront à chaque fois que nous inclinerons la tête vers autrui, et la morsure sera réitérée à toutes les tentatives de courir, toi vers un homme, moi loin d’une femme.

Et des années plus tard, dans une autre cuisine où tu ne seras pas, dans un décor moins pittoresque, où quelques étoiles probablement décimées appelleront les regards à l’extérieur, je ne les percevrai prosaïquement que comme un amoncellement de soleils tortionnaires. Je ne serai plus sensible à la chaleur que par rhétorique. Tu seras le ciel noir autour d’elles, qui m’engouffre, quand un regard de douceur souriante se portera sur moi…

Juste un peu, au rebord d’une route où vrombissent les trains routiers, je m’endormirai une heure contre le désespoir. Qu’il me souffle à l’oreille sa détresse, me retienne fermement, me souffle sa jalousie, ses lacunes de confiance. Je me souviendrai que je n’ai pas eu le courage de te laisser brûler.

Les chemins de guerre battue

On la savait fragile, cassante, mais on ne l’avait pas crue de verre ; on ne l’avait pas soupçonnée de fin verre friable, verre-de-grisée. Fallait la voir de douce brise onduler, de douceur obtempérer, de volonté acariâtre adopter le leurre méprisé de l’amour inventé débilement supprimé. Fallait la voir, mais elle pourtant qui n’était pas transparente, on y voyait au travers.

Découvrant un corps, recouvrant ces territoires ancestraux qu’elle réserve, ces terres de chasse traditionnelle abandonnées, dont elle ignore jusqu’aux plus simples lois. Ma toute réserve que je n’habiterai jamais, tu pleurais de désespoir. Ce n’était pas le chagrin de la solitude qui te secouait ; on n’a jamais vu de nomade si enracinée.

Troublée par l’invention d’un désir que jamais chez elle on n’avait suscité.

La pauvre d’un regard de fauve effarouchée, la douleur effrontée, de regretter son assentiment d’une langue irritée qui ne répond plus d’elle-même! Menée par une foi qui n’est pas le costume. Cherchant à s’enlever la vie des délicatesses incongrues, travaillant à s’estomper du monde pour percevoir la honte, cherchant pour me rappeler à elle les subterfuges, et troquer son cou contre mes lèvres, ses peaux contre un miroir.

Loin la piété chaste, loin le déshonneur frugal une première fois ; un sentier parcouru, l’habitude des raccourcis, routes barrées par des milices qu’on ignorait. Barricades insoupçonnées sur des chemins de guerre battue.

Ne sais-tu pas que devant toi je suis imberbe?

La tête dans le sable

Le voyant réapparaître au milieu d’une allée funèbre, je pris conscience qu’il avait, plusieurs minutes auparavant, déserté la scène de la mise en terre. On avait inhumé le corps dans un des meilleurs sols de la région, d’une terre noire de jais, riche, irriguée par la nappe phréatique dont on dit qu’elle est ici pure comme l’eau qui jaillit de la source à Saint-Jacques. On avait semé la défunte parmi d’autres cadavres dans ce terreau fertile comme habités de l’espoir qu’elle renaisse au printemps, bourgeonnante, promesse d’une vie à être reprise à chaque révolution.

Échappant à la foi douloureuse et mensongère de cette famille dont l’émoi en ce moment ne le concernait pas, ou si peu, par alliance seulement, il l’avait quittée momentanément pour aller errer plus loin au cœur du cimetière, là où il appartenait. Parmi les siens, tous les siens désormais sous terre, à quelques pâtés de pierres tombales d’où se trouvait endeuillée sa nouvelle belle-famille, il ressentit une vive jalousie mêlée de mépris. Ces gens dont la colonie était subtilement amputée, et amputée d’un membre qui les avait ces dernières années gênés par sa sénilité envahissante, pleuraient leur morte comme on pleure l’ablation d’un rein défectueux.

Lui n’avait depuis longtemps – il avait cessé de compter les années trente-cinq ans après l’effacement de ses proches – plus pour famille qu’une mère délirante et une sœur au tempérament mollasse dont le malaise social suggérait la déficience mentale pure et simple qu’elle se serait, au surplus, résignée à ne pas combattre.

Au cœur d’une allée de sapins Douglas bordée de monuments funéraires vivement éclairés par les rayons printaniers, il se fit la réflexion finement impertinente qu’il était tout aussi impertinent que ces lieux empreints de tristesse, de mort, soient peuplés d’arbres que l’on associe dans sa culture à une fête célébrant joyeusement la nativité. Lui-même sans plus de parenté susceptible de fêter l’événement, ni ascendance, ni descendance, se dit que la remarquable encyclopédie vivante du savoir inutile qu’il constituait, vieillissante au surcroit, n’avait possiblement plus de raison d’être ; qu’il n’y avait, si tant est qu’il y en eut jamais, plus de motif valable qu’il consomme, comme organisme vivant, la moindre ressource. Les sapins Douglas pouvaient croître en paix ; il n’en abattrait certainement aucun cette année, et irait bientôt rejoindre cela qui les nourrit.

La cérémonie terminée, tandis qu’il descendait l’allée pour nous rejoindre, son regard croisa le mien. Moi que la jeunesse ignorante de tout laissait imperturbable, inatteignable, je le soutins. Il s’embruma. Des larmes, régulières et lentes, rigolèrent sur son visage. J’en compris dès lors que je devrais me rire de la mort, sous peine qu’elle se fasse plus insolente que moi.

Personne ne profitera jamais de la vie qui croît sur nos tombes.

gommés

Je suis encore tout gommé
de rhum      les yeux collés
à ton dos que      j’ignore
comme un homme
que tu paierais      plus fort
pour éteindre l’incendie
qu’autrement      tu aspires
à (grands coups) devenir
plus grande      plus belle      plus stone

J’ai fait de toi une putain
de      luxe dont j’ai pas les moyens
t’as mon drap gravé sur le flanc
de la colline contre laquelle j’hibernais
tu m’éveilles au printemps
comme on allume une lampe
j’suis même pas une lumière
et j’ai peur      de t’éteindre
quand je souffle dans ton cou
toi t’as soufflé mon être.

Reste là, rendors-toi, j’irai pas
travailler      d’autres femmes
après toi      je suis vierge      de désir
t’as épousé le pire
                   / des_espoirs
pense pas à me sourire
songe même pas à t’ouvrir
un oeil      balaye mon cafard
sous le tapis      git mon corps
Rendors-toi j’ai pas envie
                   / de mourir

                   Tu transpires
quelques gouttes      de bonheur
longent ma vicissitude
pose pas ton pied au sol
fais-moi      ton habitude
est d’allonger      les heures
ont faussé ma boussole
emmène-moi vers le Sud
j’vais faire ça vite
                / j’ai pas prévu mourir vieux.

Nowhere.

J’ai pris le transport en commun pour partir sur un nowhere. C’est exactement là que je me suis retrouvé : nulle part. Rien, personne autour. Que moi, sur une plage en neige blanche, les poches vides. Le coeur pas beaucoup plus plein. Pas d’actif. Pas de passif non plus — enfin, je ne crois pas. Enfin, j’essaie de ne pas croire ça.

À mes pieds, le fleuve, qui à cet endroit ne s’agitait pas. À peine une démarcation entre la neige mouillée par les flots, et la neige sèche comme des flocons de plastique qui ne fondraient pas entre mes mains. Dans le froid, la démarcation entre l’humide et le sec se perd, disparaît. Je me rappelle cette idée qui m’est venue : il en va de même des sentiments. Entre l’humidité moite d’un corps chaud, d’un corps fiévreux d’amour comme de haine, et un corps asséché, un visage desséché par le temps où ne s’amoncelle plus dans ces mêmes rigoles que la poussière des tempêtes de sable que l’on affronte au quotidien, il n’y a pas de frontière. Il n’y a pas de date de péremption sur nos coeurs, on ne nous avertit pas qu’on aura été «meilleur avant» pour aimer, pour vivre.

Aux lèvres, que ces mots de Léveillé : « Après la vie t’as bouffé comme elle bouffe tout l’monde ». Impossible de déterminer après quoi. On sait que c’est après parce qu’on sait bien qu’avant, « dans l’temps », c’était autre chose. Nous savons cela, mais nous avons oublié comment ça s’est passé. Nous avons dans la bouche le goût du sable et les grains qui craquent sous nos dents, les yeux qui ruissellent à sec, le visage brun. Beige. On devient beiges. À force d’affronter des tempêtes qui n’en sont pas. Des tempêtes qui nous fouettent juste parce qu’on oublie de fermer les yeux, juste parce qu’on oublie de lâcher l’accélérateur pour douze, treize ou vingt-sept secondes.

Et puis on parle de torrents, de tornades, de tsunamis, d’avalanches. Tout s’écroule. Tout fout le camp. Ça m’a frappé. J’ai chaviré. Je capote. Nos petites fins du monde personnelles et quotidiennes nous assaillent, comme si nous avions véritablement fait le choix, un jour, de nous battre. Comme s’il était toujours nécessaire de nous déchirer à coup de d’hyperboles, à coup de violences lexicales. Comme si tous les matins devant le computer nous croisions l’épée, et pas seulement nos jambes.

J’ai pris le transport en commun pour partir sur un nowhere. C’est exactement là que je me suis retrouvé : nulle part. Je ne peux pas dire si j’y étais bien ou mal, mais je sais que derrière moi la neige qui tombait recouvrait mes pas, effaçait, déjà, la distance que j’avais parcouru.

De la télépathie?

Toujours en quête d’une connectivité améliorée qui nous ferait passer d’ Internet — qui constitue possiblement l’apogée en matière d’interconnectivité entre machines – à quelque chose comme humanet, un système d’interconnectivité axé sur l’humain.

Les plus récents avancements technologiques – qu’on semble associer à la miniaturisation, vraisemblablement parce que ça nous arrange de le voir ainsi, davantage que de reconnaître la volonté d’être soi-même relié. Twitter, Facebook, et tous les réseaux sociaux modernes ont pourtant des fonctions qui permettent une mise à jour en temps réel, sur le réseau, à partir d’appareils portables. Autrement dit, nous sommes reliés, mais il demeure un intermédiaire.

Cependant, nous sommes scientifiquement capables de capter les influx nerveux. Certains appareillages orthopédiques tirent profit de cette capacité en effectuant des mouvements « par la seule force de la pensée ». Si cela fait demander à certains quelle est la part d’humanité qui demeure dans ces circonstances (Une personne amputée disposant de prothèses est-elle à 73 % humaine si l’on sait que les organes du corps humain ont une mémoire qui fait partie, sinon de la conscience, à tout le moins de l’inconscient.?!), nous y voyons plutôt une ouverture. An open port.

Le cerveau est un des éléments du système nerveux central. Il émet de ces influx, aussi bien que les terminaisons nerveuses d’un moignon de bras.

Il est donc possible d’envisager une technologie de télépathie, qui tirerait profit de cette émission d’influx, la capterait. Ne reste plus qu’à savoir encoder cela ; la transmission fonctionne déjà. À l’autre extrémité du canal, quelque forme de retransmetteur qui saurait induire la charge appropriée, l’influx, pour que le message se rende. Ainsi, le client, pour parler en termes de réseautage, recevrait l’information émise du serveur.

La majorité des réseaux ont fait leurs débuts en méthode « post », c’est-à-dire que le serveur envoie l’information, généralement en continu, et le client ne retient que ce qui lui est utile. Ainsi fonctionnaient jadis les systèmes de transmission des grands réseaux d’information, principalement parce que la technologie duplex (information échangée dans les deux sens) était difficile à mettre en fonction. CNN, par exemple, émettait sur une fréquence imperceptible à l’écran de son signal satellite tout ce qui passait par sa salle des nouvelles : manchettes, résultats sportifs, cotes boursières, etc. Nous avions chez nous un décodeur qui transmettait le signal télévisuel dans les câbles coaxiaux de la maison, et un signal numérique via un cable RS 232 (l’ancêtre du USB) jusqu’à l’ordinateur. Un logiciel filtrait toute cette information et ne retenait que ce qui était pertinent, générant des fichiers (outputs) régulièrement comme s’il s’agissait d’une page web. (Mais une très très vieille page web!!)

Puis, la conception du réseau se perfectionnant, est apparue ma méthode « get », qui permettait via un modem téléphonique d’envoyer au serveur de CNN l’information que NOUS voulions, et qui nous était ensuite retransmise par satellite, ultra rapidement. Plutôt que d’avoir un flot d’information inutile, à trier et qui engorgeait nos disques durs (de 100 mb à l’époque, soit l’équivalent de quinze MP3 de trois ou quatre minutes), tout était ciblé. C’est encore cette méthode qu’utilisent les FAI (fournisseurs d’accès Internet) dans les régions qui ne sont pas desservies par la câblodistribution.

De la même manière, notre système de transmission d’information nerveuse commencerait probablement par n’exister que sous la forme « post », et sans doute l’induction dans le cerveau du récepteur posera encore problème pour quelques années. Cependant, les technologies des télécommunications sont sans aucun doute assez avancées pour soutenir la méthode « get » pour de tels transferts ; du moment que l’on pourra induire l’information au cerveau, la télépathie SERA possible.

Cela dit, tout encodage numérique est nécessairement restrictif, contraignant. Tout ce qui fait passer l’énergie d’une forme à une autre – qu’on nomme transducer provoque une perte de signal. C’est pourquoi, avant l’avènement du numérique, on tâchait de réduire la longueur des chaines de transmission du signal. Avez-vous déjà fait un appel téléphonique de Windigo (Qc) à Paris (Fr) ? Radio à antenne, antenne à retransmetteur à autre antenne à récepteur-opérateur qui compose pour vous le numéro de téléphone, puis ça part chez Bell, jusqu’à la côte Est, câblage sous-marin (ok, satellite, maintenant!), France télécom, etc. Entre votre « bonjour » et la réponse, il peut facilement se perdre de 15 à 20 secondes.

Les transducers sont donc à éviter comme la peste. La bonne nouvelle, c’est que dans le monde numérique, l’information ne change pas de forme d’énergie. Elle reste en zéros et uns, et on peut récupérer l’information perdue, s’il y en a. Le seul problème qu’il subsiste, c’est que le passage de l’analogique au numérique (l’inverse pose moins problème) occasionne une perte : nécessairement, l’encodage écarte une partie des données, à moins de les reconstituer. Exemple : vous dessinez un rond sur une feuille de papier, que vous numérisez. En apparence, le rond numérisé tel qu’il apparaît à l’écran est le même que celui que vous avez dessiné. Or, si vous utilisez l’outil loupe sur votre logiciel d’imagerie et que vous faites un zoom 400x, vous commencerez à voir apparaître les pixels de votre cercle ; lesquels pixels n’existent évidemment pas si vous regardez votre feuille de papier au microscope 400x. Plutôt vous verrez un peu de la fibre du papier, sans doute, qui n’apparaît pas à l’écran. Ça aussi, c’est un transducer.

Cela est inévitable, à moins de vectoriser votre cercle, dans le logiciel d’imagerie. Alors, le logiciel tentera, au mieux et selon les zones d’ombre de votre trait circulaire, de recréer le plus fidèlement possible le dessin qu’on lui donne à analyser. Et vous pourrez zoomer, zoomer et zoomer encore, vous ne verrez plus que le trait. Jamais de pixels. Au lieu de retenir qu’il y a un carré (pixel) blanc, puis un gris, puis un noir, puis un gris, puis un blanc, et sur la ligne suivante un blanc, un gris, etc… (ce qui est une cartographie de l’image numérisée, en fait, tous les .JPG ; .GIF; .BMP fonctionnent ainsi), votre logiciel retiendra que vous avez tracé un cercle de 0,4 m. à partir du point 304.299 vers la gauche à 40°, diamètre 20 cm, puis que vous avez dévié (vous ne tracez pas les cercles parfaitement) à 40.009°, diamètre 30 cm, avec un force plus intense (donc plus foncé)… etc. Plutôt que le résultat, l’ordinateur déduit de votre dessin la démarche.

C’est la même chose exactement qui procède lorsque vous utilisez le format musical MIDI. Ça sonne « can », mais ça ne peut pas distortionner. Sauf si vous l’imposez. L’erreur n’est plus possible, absolument plus possible (sauf, en ce qui a trait au rythme, si vous faites rouler tous vos logiciels en même temps et que le processeur de l’ordinateur ne fournit plus).

Selon toute vraisemblance, donc, le cercle vectorisé de tantôt sera un peu plus près de la perfection que celui que vous avez tracé. Ça constitue encore un problème, peut-être. La vectorisation peut avoir de la difficulté à générer des erreurs, alors que vous, vous y êtes experts.

Si notre transducer neuronal parvient à vectoriser ce qu’il capte, nous nous rapprochons d’une télépathie parfaite.

Nous continuerions de faire des erreurs, mais l’exprimerions parfaitement. À moins de penser tout croche ?!?!