Beautiful lies again.

C’est un monde à mi-chemin entre la vérité et le monde que l’on connaît. Il n’y a ni nuages ni soleil, que de l’ombre, à perte de vue, à perte de songes. Car on n’y voit que très mal, à la manière des chiens et d’autres mammifères qui n’ont pas su privilégier un de leurs sens. Et sous le soleil d’ombre, des lézards frigorifiés se pavanent tous membres crispés, sur le sable fin d’un désert.

C’est un monde à mi-chemin entre la vérité et le monde que l’on connaît. Il n’a rien d’un paradis comme la bible nous en parlait. Il n’a rien non plus d’un enfer dont les démons des immenses cathédrales nous effrayaient.

C’est un monde à mi-chemin entre la vérité et le monde que l’on connaît, et nous n’y comprenons rien parce qu’inhabitués, et jamais nous ne nous habituerons, c’est là le propre de la vérité ou de tout ce qui s’en rapproche : jamais ô grand jamais l’Homme ne voudra-t-il y aspirer, elle est bien trop grande, bien trop dure. Elle suppose trop de connaissances désavouées, trop de supputations abandonnées. Elle suppose une fin et un début, elle suppose le recommencement de ce qui n’a jamais été commencé, ni ne sera terminé, jamais.

C’est un monde à mi-chemin entre ici et la vérité, c’est un monde où tu te travestis humblement, où le monde n’est plus toi, ni moi, moi, c’est un monde, un ailleurs, où le monde n’existe plus. Un paradis sans nuages, un enfer sans feu, c’est une forêt vierge qui ne l’est plus sous nos pas qui se perdent dans l’écho des branches, c’est un univers clos qui se referme sur nous et nous laisse trop nous échapper.

Sans filtre.

Jamais plus entretenir des vestiges; les laisser se putréfier. Décomposition. Décomposer les bribes en brises fraîches. Je cherche un paradis de secours.

Urgences grottesques. Urgences grossières. Il fait froid. Jérusalem enseveli sous le sable, qui se meut de terre en terre. Miséricorde, misère hardcore, misére et corde. Cordages visqueux, que cette pendaison! Sous des cieux demeures d’anges vaudoux, succombent, ignifuges, des rieurs enflammés. Où es-tu?

Les charrues battent un bitume englué, fauchent ce qu’il reste de mon désir. Balaient mon ennui, balaient ces ressacs vils, animations japonnaises érotiques. T’as des baguettes chinoises dans la tête. en norvège on utilise des fourchettes en afrique les doigts en amérique c’est au seins qu’on se dévoue. Pleurniche, rougeaud abuseur public. Anime la scène japonnaise de queue branlante suintante loufoque vestige. Un sourire dégouttant. C’est ma mie qui s’immisce. Le rire d’une vie qui nait. J’engendre la clôture, mi-haute, surpasse la frontière, qu’on met en tombe. Dégrise. Revit. Aguichante salive sur le porte-manteau. Ça sent le sexe. Ça fleure les gouttes. Longtemps qu’on a mis en terre tel fourreau… L’immense soupière où je baigne, se refroidit. Je me hérisse en toi. Mon sexe pleure. Je suis vermifugé. Je suis partout fugitif. Démétol. Morphine. Acide cyanhidrique. Farfouille, détective, 20000 lieues sous la terre, je me dérobe à l’enfer. Je ne cherche qu’un paradis de secours.

L’enseigne me séduit. L’enseigne ment. L’esprit du vent me rudoie. On mange? Mettons nous sous table. Filons les gants blancs. Ô grande muse, je me désole. Que fait la mer sur moi? Mère, surmoi… How old are thou?

Que vive ma………. âwww… Jazzy Night in a lost W.C. Merde! J’arrive au sommet du mont Toi. J’ai froid. Attise mes pleurs, attise ma peur, attire-moi vers l’heure, file mon bonheur. Stupeur. Où t’es. T’es où?

Je me console, ton sein est froid. Dure réponse de mon filon d’art. Vite, venge-moi. Dévore jusqu’à l’aube de nos envies, que je meure à l’autre vie. Demain, je rigole, tantôt, nous serons. Crois-tu en moi?

Sauve-toi. Rien à fouttre. Rien à fouttre ici, je suis vide. Fous-toi de moi, avec moi sur moi en toi que j’en meure. Brutale expression de désespoir. Épouse-moi je pars en Birmanie. C’est où?

_____
(NDA, 2009 : J’ai vraiment écrit «mon sexe pleure». La honte! Sacrée jeunesse…)

Seize heure treize

Seize heures douze
Des hommes s’entretiennent
Avec la rue enneigée
Au fait de ses engelures
Qu’ils pansent de coups de pelle

L’escalier s’anime
Sous la taciturne voisine
Qui rentre de voyage
Comme un enfant
Qu’on appelle à table

Dans la lessiveuse se tordent
Quelques chemises rayées
Et mon âme tachée de détersifs
Sous les pas encombrants
De la voisine et des hommes d’entretien
Il est seize heure treize

Les robes des muses.

à C.

Chairs au vif qui se cuisent, de sels, d’aurores mornes
Englobées de noirceur au petit jour vibrant
Regard ensanglanté, je suis le maître borgne
Dans le silence trouble qui plane assidûment

S’élèvent des écueils de crystal et d’argile
Dont les pointes mutilent chacune de mes envies,
Et ma peur s’illumine et tout mon être est vil
Nuée phosphorescente sur mon être transi

Contrastant aussi peu que la sueur et les pleurs
L’eau salée d’Antarctique raffermit ma douleur
Et le vent se charge de sécher mes humeurs
Se perdant en ces algues où mes sirènes pleurent

Un chant d’amour vieilli que j’ignore, que j’ose
Expirer en sanglots, oui, mes muses larmoient
En leurs robes de nacre, elles râlent sur moi
Quand un opaque jour s’émeut de tons de rose

Je regarde la mer et m’entretiens ainsi
Les robes des muses sont des coquillages
Sous cette ère d’eau froide en cueillant mille vies
M’en entaillant les veines je suivrai leurs sillages

Jusque dans la pénombre le doute et la douleur
Me blessant ainsi qu’elles souffriront l’engelure
J’atteindrai s’il te plait et malgré ta rigueur
Un nid où nos passés perleront au futur.

Sur l’éducation, encore

Ceci est une réponse à Monsieur/Madame l’Anonyme «out», qui avait commenté un texte de KafKaDan, que vous pouvez lire ici : Un cours parmi tant d’autres

Je pense qu’il est nécessaire de lire les autres textes avant celui-ci.


Vous aimez Camus?
«Créer, c’est vivre deux fois»
«Créer, c’est aussi donner une forme à son destin»
«La bêtise insiste toujours.» (suis-je bête!)

Permettez-moi d’être un peu lâche et de répondre, point par point, à vos remarques. Au fond, ça nous aidera peut-être à nous comprendre plus aisément.

Votre première assertion m’inquiète: «Je crois bien que nous [ne] nous entendrons jamais». Pour ma part, je suis bien ouvert à ce que nous réfléchissions ensemble sur nos idées, quitte à les revoir. L’êtes-vous?

«vous avez une conception relativiste de la connaissance». Non. Les choses sont, et on les connait ou non. Ce qu’il FAUT connaître? Tout. Mais c’est chose impossible, et les expériences individuelles n’ont pas toutes la même forme. En conséquence de cela, il ne peut appartenir qu’à chacun, individuellement, de décider de ce qu’il juge bien ou mal, si de telles notions existent vraiment. Cela selon son expérience propre. La mienne est restreinte, vu mon âge. De ce fait, je ne saurais décider que ce que je choisis d’enseigner est tout ce qu’il faut savoir (sur un sujet précis, disons). Je ne suis pas disciple d’Érasme. Pas pour rien que je vous parlais de Rabelais.

La liberté de discussion? Non, vous ne la niez pas. La restreignez à «un cadre défini». Cadre qui inclut l’enseignant? Je suppose. C’est lui faire peu confiance que de penser qu’il ne sera pas en mesure de transformer la «contestation subversive» en doute méthodologique. Remise en question par les élèves, justification par l’enseignant. Et voilà un méta-apprentissage. Étape 1 de l’Apprendre à apprendre : Savoir pourquoi on apprend. Encore ce fouttu Rabelais.

Obéissance et soumission. L’ordre, s’il n’est pas établi et choisi par la société qui y obéit, la soumet à l’autorité. La microsociété que représente la classe peut choisir ses normes. Si l’enseignant est bon, il saura expliquer les raisons de ce qu’il propose, et si tous sont de bonne foi, l’enseignement suivra son cours. Du Contrat Social appliqué au collégial. Mais vous me répondrez peut-être par l’Émile. Quel âge, quelle capacité de compréhension? Pas encore celle d’un collégien. exit.

Votre école n’est pas plus vieille que la mienne. Tout au plus, elle est dominante depuis l’Antiquité. L’Homme a d’abord appris par l’expérience, la discussion et la confrontation. Les premiers savoirs se sont acquis par des «élèves» étudiant la nature et non alignés devant un enseignant… Par ailleurs en associant «mon école» aux années soixante-dix, vous oubliez les universités médiévales dont plusieurs étaient administrées par les étudiants, qui choisissaient leurs apprentissages et leurs enseignants (la première étant Bologne en 1190), vous oubliez Pestalozzi (1746-1827) et la liberté à l’élève, Parker, Dewey, Neill (XIXe siècle), sans parler de nombreux philosophes, qui avant les pédagogues s’occupaient de suggérer des normes en éducation. Plusieurs de ces écoles qui ressemblent à «la mienne» ont réussi. Ont aussi souvent été fermées par l’Église, normative, restrictive, qui croyait en une Connaissance limitée et une Foi illimitée.

Innovation, dans la société dans laquelle on vit, c’est précisément éviter de penser que cette notion n’est propre qu’à la gestion économique et à la technologie électronique. J’entends par innovation l’introduction ou la RÉ-introduction d’idées nouvelles ou insuffisamment explorées. Comment juger? En comparant. L’étudiant qui pense innover en se comparant se heurtera invariablement à un fait bien humiliant : des plétores d’individus ont pensé, dit et créé comme eux. Voilà une conscience qu’il aura acquise lui-même, qu’il comprendra. Qu’il n’apprendra pas par coeur. L’humilité ne s’enseigne pas. Ça se développe. À quoi servent les cours de création littéraire? Peut-être à faire comprendre à l’étudiant qu’il n’est pas seul, qu’il n’est pas réellement original, mais qu’il n’est pas vain d’essayer.

Et pourquoi je juge qu’il n’est pas vain d’essayer? Parce que notre société se borne à ne plus évoluer. Se borne à considérer que l’économie est la maîtresse de tous les Hommes et qu’ils ne peuvent coucher qu’avec elle. Effleurer par mégarde le rêve, flirter avec les humains, embrasser l’environnement, et se four(voy)er avec l’économie. Mon humble avis. D’aucuns diront que, sans argent, on ne peut même pas manger. Revisitez donc les schtroumfphs. C’est ça, l’innovation. C’est croire assez à ce qui n’est pas commun pour en publier trente-deux albums. Mais ce n’est qu’une bédé pour enfants!!! Vraiment? L’amour, la générosité, la conciliation, le végétarisme, le refus de l’argent, de la haine profonde, de la corruption, la crainte du grand méchant magicien raté dominateur, le tout sous l’oeil attentif et bienveillant du vieillard conseiller, ce n’est que pour les enfants?

Mais réconcilions donc nos pensées; je ne crois pas que ce soit impossible. Les étudiants manquent de bonne foi. Une discipline à être instaurée dans nos collèges et universités, impliquant certes certaines contraintes, et décisions prises unilatéralement. Que les jeunes s’établissent dans un mouvement de continuité, oui, et que ce mouvement soit perpétué par l’innovation. Réinvestissement des acquis du passé dans l’étudiant, fructification, nouveaux investissements, etc. Tout à fait d’accord.

Quelques bémols:

«Ceci présuppose qu’il y a une autorité». Autorité? Je dirais ressource. Personne détentrice de certaines connaissances que l’élève n’a pas. N’oublions jamais que l’élève a lui aussi des connaissances que l’enseignant n’a pas. Qu’en cela, l’enseignant ne peut définir et décider à lui seul de ce qui est beau. (Aucun philosophe n’a d’ailleurs pu statuer sans détracteurs sur la nature du beau) Le grand, c’est la voix de la majorité qui le définit. Le fort, c’est l’union des individualités qui le forme. Un héritage civilisationnel qui mérite d’être aimé et admiré, certes, parce qu’il est à notre origine. Comme on aime son père parce qu’il est père, qu’on provient de lui, cependant qu’on ne posera pas nécessairement nos pieds dans ses pas.

« Quand on admire, c’est qu’on conçoit qu’il y a quelque chose de plus haut que nous». De plus haut? De plus grand, si. D’insaisissable dans sa totalité, même. De plus expérimenté, aussi. Si vous entendez hauteur ainsi, va. Sinon, il me semble que ce soit légèrement mystique; nous serions alors irréconciliables, sur ce plan, je l’admets. À ça — pardonnez-moi — je suis fermé. 🙂

Maintenant, je suis curieux de connaître votre avis sur ces explications. Sincèrement. Cela dit, je ne tiens pas à entendre ce que vous pouvez penser de moi, par exemple que je suis un jeune idéaliste et que mes idées changeront avec l’expérience. D’abord parce que — au risque de me répéter — mon expérience ne sera pas la vôtre. Ensuite parce que ce vous feriez de moi, comme de plusieurs, un symbole de la stagnation. Et ça me mènerait directement au suicide. 😉


D’autres beautiful lies pour ceux qui n’en ont pas marre.

Les robes des muses

Chairs au vif qui se cuisent, de sels, d’aurores mornes
Englobées de noirceur au petit jour vibrant
Regard ensanglanté, je suis le maître borgne
Dans le silence trouble qui plane assidûment

S’élèvent des écueils de crystal et d’argile
Dont les pointes mutilent chacune de mes envies,
Et ma peur s’illumine et tout mon être est vil
Nuée phosphorescente sur mon être transi

Contrastant aussi peu que la sueur et les pleurs
L’eau salée d’Antarctique raffermit ma douleur
Toujours le vent se charge de sécher mes humeurs
Se perdant en ces algues où mes sirènes pleurent

Un chant d’amour vieilli que j’ignore, que j’ose
Expirer en sanglots, oui, mes muses larmoient
En leurs robes de nacre, elles râlent sur moi
Quand un opaque jour s’émeut de tons de rose

Je regarde la mer et m’entretiens ainsi
Quand les robes des muses seront des coquillages
Sous cette ère d’eau froide en cueillant mille vies
M’en entaillant les veines je suivrai leurs sillages

Jusque dans la pénombre le doute et la douleur
Me blessant ainsi qu’elles souffriront l’engelure
J’atteindrai s’il leur plait et malgré leur rigueur
Le nid où les passés perleront au futur.

Le titre a été dicté par Reine Laurence, il y a longtemps.
Toutes les robes ne se perdent pas dans des mers de froufrous..

Mémoire usinée

si tu vivais dans l’ancien temps
tu entrerais dans un monastère
– Guillaume Apollinaire

Rintintin ratisse les machines
Tchekov rue ses espoirs succincts
Sur la ribambelle des lendemains
Et penche, pence la muraille de l’usine

Rigueur éternelle foutaise malotrue
Rédemption profitable déganguée morue
Faut-il fuir, foutue finance
Des marais, cancre et nauséabondance

Les méridiens en exil n’entravent
Aucun des rieurs, beau séjour maladif
En contrée subterfuge malodieuse. Behave!
Et vente, vente l’assensceur fautif

Montons, mentons, méphistophélès est las
Là, morbide industrieux déloyal
Et, fourbu, fixant la splendeur fantassine
Rintintin ratisse les machines

Suant sur son suaire l’ancien sang
Et le monde après lui se suspend.