Souder les foudres

Grande Allée un samedi matin. Ça boume encore sous le ciel d’étoiles fictives. Des corps en sueur, mi-nus sur le linoléum battu. Tes rayons s’expriment en faisceaux larges et tu trembles dans l’eau froide et la brise des haut-parleurs. J’ai la tête enserrée d’un ruban blanc, mon regard erre au ciel par-delà le manteau d’effroi lumineux. Des rigoles le long des plaines astrales; on n’imaginait pas tant de reliefs à l’exil.

Cela baigne, cela nage. Chacun s’invente son propre bain de solitude. La ratine sur le lino, imbibée, vautrée dans le jus d’existence. Déchet. Rebut. Tu t’imprègnes de l’ère. Je me saoule à la honte maîtrisée. Nous battons le rythme en éclaboussures.

De lin, de denim dévêtus; nous sommes tous de sombres orages silencieux. Les déjections tempêtent, burlesques. Coupez l’alimentation. Disjonctez les circuits, délabrez le décor, laissez la plaie suppurer; les pleurs rejoindre la sueur; l’eau-de-vie, la mort aux rats.

Nous panserons demain Grande Allée, et mutilerons nos corps. La soudure éclatera, ce sera notre baume.

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encore un qui a l’air d’une scène de sexe. Mais non! refaites vos devoirs, c’est pas de ça que je cause!

Exit. 4

Tu sais pas
L’irrésistible chaos
L’univers clos qui nous sous-tend
L’infinité de l’orient quand les samuraï dansent
Autour du bûcher de Salem
Et les patriotes qui frappent leur gong
En traçant des hiéroglyphes
Tu sais pas,
tu sais rien de tout ça

Tu sais pas
Lorsque la casbah s’écroule
Sur la tête des jésuites
Qui nous menacent d’une vérité cuite
Au bouillon sous la crémaillère
Les couleurs de l’aurore boréale
Sur le ciel d’ambre calcinée
Tu sais pas,
tu sais rien de tout ça

Tu sais pas
Les rigoles le long de tes propres omoplates
Que font rougir les baisers désinventés
Que j’exerce tous les soirs en rêvant de goulags
Où me perdre avec toi

Tu sais pas
Tu sais rien de tout ça.

Wanna quit?
C’est par là.

Exit. 3

Tu sais pas
Combien la douceur est abjecte
Et la redondance de la luxure
Et l’abondance que j’objecte
Et les regards de l’usure
Et la peau doucereuse qui s’éprend
Et ton corps qui ruisselle
Et ta paix, et ton doute de polichinelle

Tu sais pas l’ennui
Du regard des épris
Des hameçons que tu me harponnes dans la gueule
En me faisant une fleur comme un bouffon ferait de ses caoutchoucs

Tu sais pas l’abandon
Comme il me désole
Comme la simplicité est mordante
Chaque fois que tes yeux ne me percent pas
Et que rien de toi ne me touche que ton sexe
Et la pâmoison qui détrempe les draps,
Les vicissitudes dans l’air où tu me crois vicieux
Des éperviers revanchards

Tu sais pas.
Tu sais rien.
Opiniâtre inculture
T’as les yeux pleins
Et moi le cœur vide
Tu baves, tu craques, tu chancelles
Et tu rigoles d’être belle
Mais comme tu es laide au fond
Là où l’on sombre si tôt.

Tu sais pas
Tu sais rien de tout ça

Wanna quit?
C’est par là.

Mouvements d’atômes

Déferlante d’ambitions mouvantes
ondoyantes      odorantes      le varech
l’air salin du bord du fleuve
au raz la mer, là-bas…

ils émettent en onde
pulsions, résidus cynétiques
goutte à goutte, atôme à atôme
selon la sinueuse jusqu’à ma proue
jusqu’à ma figure.
Crachat.

Torrents de boues
descendent du Mont
comme on limone les fonds
comme on érode une côte
comme on arraisonne.

Ma galère est harnachée
escortés, nous irons à l’autre rive
par les continents de bitume
de boue      d’eau      de sable

Restes d’une plage où nous échouâmes
et les paquebots aujourd’hui
comme une volée d’outardes
comme une meute d’acier
comme un troupeau mécanique
sillonnent ma terre ferme

Mont-Royal me pointe au visage ses atômes crochis,
ses effluves de mer, son air qui croûte la peau…

Ici aussi, les pêcheries s’instituent un ministère.

Sans filtre.

Jamais plus entretenir des vestiges; les laisser se putréfier. Décomposition. Décomposer les bribes en brises fraîches. Je cherche un paradis de secours.

Urgences grottesques. Urgences grossières. Il fait froid. Jérusalem enseveli sous le sable, qui se meut de terre en terre. Miséricorde, misère hardcore, misére et corde. Cordages visqueux, que cette pendaison! Sous des cieux demeures d’anges vaudoux, succombent, ignifuges, des rieurs enflammés. Où es-tu?

Les charrues battent un bitume englué, fauchent ce qu’il reste de mon désir. Balaient mon ennui, balaient ces ressacs vils, animations japonnaises érotiques. T’as des baguettes chinoises dans la tête. en norvège on utilise des fourchettes en afrique les doigts en amérique c’est au seins qu’on se dévoue. Pleurniche, rougeaud abuseur public. Anime la scène japonnaise de queue branlante suintante loufoque vestige. Un sourire dégouttant. C’est ma mie qui s’immisce. Le rire d’une vie qui nait. J’engendre la clôture, mi-haute, surpasse la frontière, qu’on met en tombe. Dégrise. Revit. Aguichante salive sur le porte-manteau. Ça sent le sexe. Ça fleure les gouttes. Longtemps qu’on a mis en terre tel fourreau… L’immense soupière où je baigne, se refroidit. Je me hérisse en toi. Mon sexe pleure. Je suis vermifugé. Je suis partout fugitif. Démétol. Morphine. Acide cyanhidrique. Farfouille, détective, 20000 lieues sous la terre, je me dérobe à l’enfer. Je ne cherche qu’un paradis de secours.

L’enseigne me séduit. L’enseigne ment. L’esprit du vent me rudoie. On mange? Mettons nous sous table. Filons les gants blancs. Ô grande muse, je me désole. Que fait la mer sur moi? Mère, surmoi… How old are thou?

Que vive ma………. âwww… Jazzy Night in a lost W.C. Merde! J’arrive au sommet du mont Toi. J’ai froid. Attise mes pleurs, attise ma peur, attire-moi vers l’heure, file mon bonheur. Stupeur. Où t’es. T’es où?

Je me console, ton sein est froid. Dure réponse de mon filon d’art. Vite, venge-moi. Dévore jusqu’à l’aube de nos envies, que je meure à l’autre vie. Demain, je rigole, tantôt, nous serons. Crois-tu en moi?

Sauve-toi. Rien à fouttre. Rien à fouttre ici, je suis vide. Fous-toi de moi, avec moi sur moi en toi que j’en meure. Brutale expression de désespoir. Épouse-moi je pars en Birmanie. C’est où?

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(NDA, 2009 : J’ai vraiment écrit «mon sexe pleure». La honte! Sacrée jeunesse…)

Seize heure treize

Seize heures douze
Des hommes s’entretiennent
Avec la rue enneigée
Au fait de ses engelures
Qu’ils pansent de coups de pelle

L’escalier s’anime
Sous la taciturne voisine
Qui rentre de voyage
Comme un enfant
Qu’on appelle à table

Dans la lessiveuse se tordent
Quelques chemises rayées
Et mon âme tachée de détersifs
Sous les pas encombrants
De la voisine et des hommes d’entretien
Il est seize heure treize

Les robes des muses.

à C.

Chairs au vif qui se cuisent, de sels, d’aurores mornes
Englobées de noirceur au petit jour vibrant
Regard ensanglanté, je suis le maître borgne
Dans le silence trouble qui plane assidûment

S’élèvent des écueils de crystal et d’argile
Dont les pointes mutilent chacune de mes envies,
Et ma peur s’illumine et tout mon être est vil
Nuée phosphorescente sur mon être transi

Contrastant aussi peu que la sueur et les pleurs
L’eau salée d’Antarctique raffermit ma douleur
Et le vent se charge de sécher mes humeurs
Se perdant en ces algues où mes sirènes pleurent

Un chant d’amour vieilli que j’ignore, que j’ose
Expirer en sanglots, oui, mes muses larmoient
En leurs robes de nacre, elles râlent sur moi
Quand un opaque jour s’émeut de tons de rose

Je regarde la mer et m’entretiens ainsi
Les robes des muses sont des coquillages
Sous cette ère d’eau froide en cueillant mille vies
M’en entaillant les veines je suivrai leurs sillages

Jusque dans la pénombre le doute et la douleur
Me blessant ainsi qu’elles souffriront l’engelure
J’atteindrai s’il te plait et malgré ta rigueur
Un nid où nos passés perleront au futur.

Les robes des muses

Chairs au vif qui se cuisent, de sels, d’aurores mornes
Englobées de noirceur au petit jour vibrant
Regard ensanglanté, je suis le maître borgne
Dans le silence trouble qui plane assidûment

S’élèvent des écueils de crystal et d’argile
Dont les pointes mutilent chacune de mes envies,
Et ma peur s’illumine et tout mon être est vil
Nuée phosphorescente sur mon être transi

Contrastant aussi peu que la sueur et les pleurs
L’eau salée d’Antarctique raffermit ma douleur
Toujours le vent se charge de sécher mes humeurs
Se perdant en ces algues où mes sirènes pleurent

Un chant d’amour vieilli que j’ignore, que j’ose
Expirer en sanglots, oui, mes muses larmoient
En leurs robes de nacre, elles râlent sur moi
Quand un opaque jour s’émeut de tons de rose

Je regarde la mer et m’entretiens ainsi
Quand les robes des muses seront des coquillages
Sous cette ère d’eau froide en cueillant mille vies
M’en entaillant les veines je suivrai leurs sillages

Jusque dans la pénombre le doute et la douleur
Me blessant ainsi qu’elles souffriront l’engelure
J’atteindrai s’il leur plait et malgré leur rigueur
Le nid où les passés perleront au futur.

Le titre a été dicté par Reine Laurence, il y a longtemps.
Toutes les robes ne se perdent pas dans des mers de froufrous..