Racoleuse.

Nos deux corps ensembles
Tiédissent tous nos sangs
Le tiens chaud refroidit
Et moi je vieillis

Regarde sous nos peaux éperdues
Les citées manuscrites
Sur des pierres inédites
Et j’espère un peu plus

Mais désormais piégés
Je perçois la chute
Nos étoiles tombées
Sur des sentiers abrupts

Rêves-tu ou tu meurs?
Ou tu fuis, ou tu craques
Peux-tu croire que je pleure
Tout mon soûl sur l’arnaque

Nos deux corps ensembles
Tiédissent tous nos sangs
Le tiens chaud refroidit
Et moi je vieillis

Mais vois donc mon amour
Mon amie inconnue
Touche de ce velours
Par-delà nos corps nus

Je sais bien l’incongru
Tu rigoles, j’ai la haine
D’une victime éperdue
Sans appel, je m’égraine

Et je veux t’émouvoir
Je m’enlise, c’est notoire
À tout perdre, la raison
N’est plus qu’une tradition

Et puisqu’on en viole déjà…
Racoleuse, tu m’a eu.

Nos deux corps ensembles
Tiédissent tous nos sangs
Le tiens chaud refroidit
Et je me meurtris.

Génie et bouteille

Ils s’en allaient, peinards
Où bien bu c’est pléonasme
Sur le chemin des routards
Derrière et devant que marasmes

À la croisée d’hier et demain,
cuvaient en quarantaine des vins
Aux effluves effeuillées, vilaines
Jusqu’au cul des porcelaines

Mais, vil exemple taciturne
S’ennivraient et, vauriens
Se terraient sous des urnes
Qu’échapperaient à vos mains

Fallait pas dire «après»
C’était bien trop loin
L’avenir est tout près
Quand on ne voit pas sa main

Encore déroutaient les ringards
Sur de nébuleux sentiers
Et n’y trouvèrent, malabars
Que des pierres esseulées

Dans le ventre des chiens,
S’entassaient les whisky
Ah! ce qu’on rirait bien
Si nous y étions aussi

Et ce fut la pagaille
Entre l’homme et la nuit
Cherchez pas trop la faille
Les souvenirs sont enfuis

Mais à la mer de Champlain
S’sont jetés comme des louttres
Nos deux bons citadins
Avaient goût pour la goutte

Sur le chemin des départs
Y’a que sables mouvants
Où s’enliseront tôt où tard
Même les bons vivants.

En bouteille (de verre.)

Je suis une mouche
Vulgaire volatile
Quelques ailes fragiles
Au coin d’une bouche

Puis j’ai trouvé ma fenêtre, pas idée comment je vais me la pêter, la tête, à reculons, avançons, tourbillon, à tâtons et à perdre la raison, j’ai trouvé ma fenêtre et je vais m’y cogner, m’y sabler, m’y sabrer si elle se casse, je vais m’égosiller les ailes, rien de moins, je vais m’y pendre à toutes les toiles, m’en fiche, c’est ma fenêtre. Et vivement que j’y laisse ma tête.