J’ai jamais jamais

Jamais vu autant de matins que depuis toi
jamais bu autant d’aubes, ni en autant de formats.
Je les ai alignées en shots sur le rebord du lit,
en pintes sur les comptoirs souillés d’existence,
en highballs au creux d’autres poitrines,
des lignes tracées dans la neige comme des râtures sur les lendemains,
en joints sur les ruptures du plâtre

Jamais vu le soleil se lever si souvent pour l’envoyer paître
dans les champs autour de l’île,
jamais tant attendu le bleu du froid, en cristaux et vents fous
La perle des Antilles entre les doigts et le soleil métal collé
Désinvolte conduite sur les plaines dans les broussailles
Où les oasis ne mentent même plus

Jamais les heures ne se sont comptées autant à noirceur que depuis toi
Jamais ignoré le jour autant que derrière ces rideaux tirés
Ils sont argent, ils sont gris et luisants, comme ces regards dans le vin
Comme ces joies tirées des matins lents
Des temps-têtes et des cigarettes qui mettent le feu aux lits
Jamais cherché pour ne rien trouver,
dans les bottes, le foin
les tourments
les conserves de betteraves
Encore du vin,
Les sirènes
Qu’appellent

qu’appellent

Jamais autant vu de matins que depuis toi
Jamais dérobé tant d’heures à la vie que depuis qu’elle s’est enfuie
Qu’elle s’est coulée dans le linoléum
Et la mirta

Dormante
Paisible
Morte.

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