« Le regard suspendu sur tes châteaux d’Espagne je ne contemple plus que la tourelle éloignée où gît la menace que j’escrimais les yeux voilés dans ta grande salle de bal sous le grand lustre de la voûte où tu protèges ton désir des intrus malfaiteurs qui passés le pont-levis n’ont plus d’yeux de mains de richesses et d’armes que pour te blesser.
Je n’ai même plus la force de dire combien douce est cette vulnérabilité soudaine où je me suis plongé, fontaine aigre-douce et monument à ton effigie, l’eau tiède me fait l’effet d’un baptême de beauté et d’un châtiment de présomption, les cendres qui s’y baignent me rappellent nos amours mortes et consumées.
Je n’ai plus de mots, je n’ai plus d’images, je meurs un peu trop, toujours. Je ne veux pas mourir, je veux vivre, je veux transplanter des coeurs pour en reboiser l’Abitibi qui cerne ton domaine, (j’en ai marre de la coupe à blanc), je veux construire une mosquée, une église, un panthéon à ton nom, adjacente à ta chambre pour que tu me laisses y tenir la chaire je veux te prendre pour idole, je me veux coupable d’un péché capital, je te veux ma capitale, mon pays, ma chambre, je réside en toi, je te veux mon espace vital, mon air, mon sang, puis ma chair, je te veux moi, me veux toi, je te cannibalise, tu me vampirises, je te parasite, tu me solutionnes. Je te plus, tu me multiplies, extrapolons-nous sur une page blanche que nous déplierons, déploierons cerf-volant parachute surprenons-nous de l’ouverture, du souffle pernicieux du sol qui s’agite sous nos têtes. »
Extrait d’un brouillon du 12 octobre 2009. Rien ne se perd…