En rouge banane

Je suis encore assis là.
Troisième rangée au centre
Recroquevillé sur mon siège
L’épaule contre du vide

Les mots tombent comme des hiéroglyphes
Sculptés dans le velours et l’ardoise
(J’ai déjà écrit que j’avais entre les doigts
La perle des Antilles
Gémissante)

L’air froid dégoutte
Heurte en soubresauts la terre qui m’échappe
Qui m’échappe toujours en rafales
La terre contre le vide.

T’avais entre les doigts
L’ourlet de la robe-citron
En comptant le nombre des cailloux
Comme Hansel, qui nous sépare.

T’as les regards en jus d’orage
Je macère dans les ronces
Tu serais un Lego dans une flaque
Tu serais un bloc jaune sur un étang d’après-déluge

Je m’évade dans tes feuilles chiffonnées,
Je suis repu du jazz monotone.
J’ai vomi à côté du C-2
J’ai échappé
Le repas d’avant-hier.

Y’a pas d’horizon au-delà du carré de sable;
Les Tonkas se fracassent dans un bruit jaune et noir.

Y’a tout ce stupre autour
Agglutiné contre les murs.
Il rit de ta dérobée;
Je n’ai que le cerf-volant qui pique du nez.

Il continue de couler des vagues frettes de Wildwood au mois de mai
Je te lance des poignées de cailloux.

Tu me catapultes des montagnes.

La rigueur des faces écrasées dans les mains gauches suffoque les petits matins que tu contes
Des squelettes de fourmis longent les lettres
éparses, longues, noyées.
La piscine qui sent le chlore.

T’as le shampooing tarte-au-citron
Le mien est au Muscat,
Au cumin de supermarché
Où tu fais des courses de panier dans les allées de chips et de liqueur aux fraises

L’humeur s’éclate dans les vers de gélatine multicolores
Ça fait «squick» sous la dent
Comme du fromage trop frais
Ou de vraies gommes ballounes pognées dans les cheveux mordus en pétards rose orange bleu vert

Ça explose en flûtes de plastique partout dans l’auditorium
J’ai le coeur en maracas
(Gossé dans un vieux rouleau de Scott Towels.)

Ça chante des contines.
(Toutes en sol majeur)
Rouge jaune bleu jaune jaune rouge
La séquence s’arrondit.

Tu tiens ton verre à deux mains
Comme une tasse à bec
Pour pas renverser
le trop-plein de punch aux fruits que t’as au ventre me harcèle au grand galop
Aux abords du terrain de pétanque

Le disque de Nathalie griche sur le tourne-disque
Et y’a pas de siège assez grand pour asseoir
les larmes de crocodile sur les draps pleins de camions et de voitures ambulances.

J’ai l’amour au bloc opératoire
et y’a des oursons dessinés au plafond
Arrête de me tirer des roches.

J’ai déjà les journées pédagogiques en salle d’attente.

Ta vie contre le vide.

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