L’UQAM allonge les séances de cours à plus de 4h. Prologue:
Alors vous vous êtes dit: «les élections vont régler la question de la hausse.»
Vous vous êtes crus. Vous avez voté pour un retour en classe. Vous n’avez pas négocié grand chose, vous aviez hâte d’obtenir votre «crisse de diplôme».
Vous vous êtes dit: «Nous avons bloqué la hausse. Objectif atteint.» Vous aviez oublié que l’objectif était plus grand, plus complexe. Que l’objectif était de faire de l’instruction quelque chose d’accessible, d’accessible pour vrai, dans une perspective un peu plus humaniste, et un peu moins consommatrice.
Mais vous étiez si contents de retourner en classe. Pis surtout, vous aviez un peu gagné. Vous étiez un peu plus affirmé, un peu moins un numéro. Les profs étaient encore de votre bord, fallait pas se les mettre à dos complètement.
Pis là, vous vous êtes rendu compte que vous vous faisiez niaiser par le Parti Québécois. Qu’ils n’avaient pas trop l’intention de vous écouter. Qu’ils n’avaient pas d’intention eux-mêmes, en fait. Qu’ils allaient faire comme tout le monde et laisser «le contexte» gouverner.
Mais «le contexte» va s’assurer de vous avoir au détour. Au mois de mars, on n’aura «pas le choix», et on va vous augmenter ça sévèrement, vos frais de scolarité. Mais pas maintenant. Pas dans les 100 jours du début du mandat. Avant ça, on va vous écoeurer.
On va vous laisser finir votre session, mais on va vous faire un horaire comprimé. On ne vous laissera pas trop le temps de réfléchir à ce que vous étudiez, on va vous donner deux séances par semaine du même cours. On ne vous laissera pas trop le temps de travailler pour payer tout ça, on va vous donner des cours le samedi. On va multiplier les erreurs du bureau de l’Aide financière aux études, afin que vous ne puissiez pas payer le loyer. Afin qu’on regagne l’argent de la hausse annulée. Afin que vous ayez faim et n’ayez pas le temps de contester, encore. (Bande de bébés gâtés)
Alors vous êtes retournés dans la rue. Trois jours, pas plus. Juste pour rappeler à tout le monde que rien n’est réglé, encore. Que vous vous faites enculer encore plus qu’avec les Libéraux, mais qu’on ne vous écoute même plus sous prétexte qu’«on vous a assez entendus.» Qu’importe que vous disiez autre chose, maintenant. Vous, taisez-vous, maintenant, point barre.
Vous sentez la colère qui monte, à nouveau. Vous sentez que tout n’est pas fixé, que tout n’ira pas bien, en février, en mars. Qu’on va vous enfoncer un peu plus profond la dette et l’enrichissement des témoins de la CEIC. Et si vous retourniez dans la rue? Vous recommencez à y penser.
Mais vous pensez trop, voilà. Alors vos trois jours de grève, vous allez payer pour, les zinfints. L’Université du Québec à Montréal (UQAM) va vous allonger vos séances au-delà des 3 heures réglementaires. Quatre heures. Quatre heures et demie, s’il le faut, mais vous allez la finir au plus crisse, cette session là.
Les ententes d’évaluation? On s’en fout. Maintenant, ce sont les entrepreneurs qui ont coopté le CA de l’UQAM qui décident, et eux ont décidé qu’ils allaient vous apprendre, à ne pas être d’accord. À fermer votre djeule, oui.
La liberté académique? On s’en fout. Maintenant, c’est Vidéotron (Isabelle Dessureault), la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et la Financière Sun Life, Québec (Isabelle Hudon), et Astral (Charles Benoit) qui décident[1]. Et eux, ils décident qu’un prof est un instrument servant à dispenser le savoir, comme une machine distributrice sert à dispenser du cola [2].
Et que vous, vous allez mettre votre piastre dans la slotte. Parce que, quand t’as faim, faim maintenant, tu cuisines rien.
Ni personne.
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1.http://www.instances.uqam.ca/ListeMembresInstances/Pages/ConseilAdministration.aspx
2.http://girofle2.telecom.uqam.ca/calend/courriel-com/editeur_afficheur.php?CodeMAIL=4355