L’inconnue de la radio

Ça y est, je ne comprends plus. La terreur qui se déchaîne, et les monts qui, eux, s’enchaînent. La misère humaine, la nature qui foudroie tout, tout, et l’humain qui tente de l’imiter dans le meilleur comme dans le pire.

Il n’est plus que question de temps avant que toutes les tours s’écroulent. Et j’ai envie de scander «soyons humbles, ne soyons pas vains, soyons raisonnables et pas craints»…

… « Il me semble, je veux dire, j’ai espoir d’un monde où le capitalisme serait pas là, où la relation aux objets seraient différentes, où on voudrait moins posséder», qu’elle disait à la radio, ce matin, quand je me suis réveillé, l’inconnue, d’une voix emportée, d’une voix chevrotante, d’une voix empreinte d’impatience, et de douleur, aussi.

Et j’entends d’ici la paternalité s’écrier : «crisse de folle, encore une autre qui vit dans un monde à part. Ça marche de même, dans la vie: si t’as pas d’argent tu vas nulle part»

Et j’aurais beau m’objecter, dire que, non, attends, on recommence, on part du début. OUBLIE l’argent. Je m’entends être rabroué.

– ben ça marche pas de même.»
– Ben crisse. C’est intolérable.
– si t’es pas capable de le tolérer, pourquoi tu vas pas jusqu’au bout, quitte-le ce monde là, dit-il, probablement davantage pour me provoquer. J’espère.
– J’ai essayé. Pis c’est dommage, mais je suis encore de ce monde-ci. Alors ce que j’essaie, maintenant, c’est de me dire que si c’est ainsi, peut-être il y a une raison.

J’essaie. Mais merde! Quand la nature se mêle de tout écrouler ce que l’homme avait la décence de laisser tenir debout…

Je n’y comprends plus rien. J’ai mal.

4 réflexions sur « L’inconnue de la radio »

  1. Mais à quel point ma pensée l’exaspérait pour qu’il me dise ça? Vas-y! Suicide toi si t’es pas content! Tu veux pu jouer? ben redistribue tes cartes, mon grand.

    À quel point ce que je disais le faisait chier? Et comment il peut prétendre m’aimer, mais seulement après que je l’aie fouetté avec la vérité. Comment?

    Cette joute verbale, je l’ai gagnée sur lui. La joute de la vie, on va probablement la perdre tous les deux. Y a-t-il un gagnant, anyways?

    C’est quoi ces questions là? Criss t’es pas ben dans ta tête, toi. LA vie c’est simple, mon JP. Tu t’lèves, tu manges, tu travailles, tu manges, tu dors, tu t’lèves. Cherche pas ailleurs.

    Mangez donc tous d’la marde.

    (C’est l’adolescence qui sort de moi, ma psy va me le dire demain.)

  2. quand je lis tes textes, très beau par ailleurs, je m’inquiète pour toi. Je m’inquiète des influences qui gravitent autour de toi. Peut-être que je me trompe mais j’ai une petite idée de qui t’as fait réagir comme ça. Et si c’est qui je pense tu as un peu raison, comment peut-il prétendre aimer qui que ce soit, anyway ?
    il ne faut pas blâmer la nature, elle est juste plus forte que tout, c’est pas sa faute. faut prendre les choses comme elles sont sans chercher à les changer. Juste apprendre à les aimer. À se laisse porter plutôt qu’à se battre sans arrêt. Tu n’as rien à prouver.
    Je t’aime

  3. Je trouve pour ma part que c’est un cri qui sort de toi. Ces questions, je me les pose souvent. Mais le suicide qui est sous-jacent à ton état d’être m’est étranger. Je suis sans doute un peu trop peureuse pour envisager de regarder la mort en face. Par contre ce mal être me touche beaucoup. Comme la plupart de tes textes d’ailleurs.

    Désolée pour le silence : j’étais un peu ailleurs.

  4. mom : merci.

    Mamathilde : ÉTAIT sous-jacent. 🙂 C’est vieux, toutes ces histoires. c’est un peu pour ça que je me permets de les écrire ici.

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