Souder les foudres

Grande Allée un samedi matin. Ça boume encore sous le ciel d’étoiles fictives. Des corps en sueur, mi-nus sur le linoléum battu. Tes rayons s’expriment en faisceaux larges et tu trembles dans l’eau froide et la brise des haut-parleurs. J’ai la tête enserrée d’un ruban blanc, mon regard erre au ciel par-delà le manteau d’effroi lumineux. Des rigoles le long des plaines astrales; on n’imaginait pas tant de reliefs à l’exil.

Cela baigne, cela nage. Chacun s’invente son propre bain de solitude. La ratine sur le lino, imbibée, vautrée dans le jus d’existence. Déchet. Rebut. Tu t’imprègnes de l’ère. Je me saoule à la honte maîtrisée. Nous battons le rythme en éclaboussures.

De lin, de denim dévêtus; nous sommes tous de sombres orages silencieux. Les déjections tempêtent, burlesques. Coupez l’alimentation. Disjonctez les circuits, délabrez le décor, laissez la plaie suppurer; les pleurs rejoindre la sueur; l’eau-de-vie, la mort aux rats.

Nous panserons demain Grande Allée, et mutilerons nos corps. La soudure éclatera, ce sera notre baume.

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encore un qui a l’air d’une scène de sexe. Mais non! refaites vos devoirs, c’est pas de ça que je cause!

vingt-six zéro sept

un chapeau gris sur des rouages encrassés
la terre vivote dans son aquarium
Salinger nous économise
on lui chante des odes

Au gérondif, on croirait
en balayant les nuages les regards la foule
Un brouillard ne se dissipe jamais
Cela me deut que cela me deule

Mars est en jupiter
Je suis en calvaire

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nda: je le laisse parce que je ne peux m’empêcher de trouver ça drôle d’avoir écrit ça. Mais on dirait «je suis en calvaire» comme «je suis en colère», alors que c’est plutôt de la butte des crucifiés dont il est question. Quoi qu’il en soit, c’est un mauvais texte. Mais ça ne sera pas le dernier!

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Exit. 4

Tu sais pas
L’irrésistible chaos
L’univers clos qui nous sous-tend
L’infinité de l’orient quand les samuraï dansent
Autour du bûcher de Salem
Et les patriotes qui frappent leur gong
En traçant des hiéroglyphes
Tu sais pas,
tu sais rien de tout ça

Tu sais pas
Lorsque la casbah s’écroule
Sur la tête des jésuites
Qui nous menacent d’une vérité cuite
Au bouillon sous la crémaillère
Les couleurs de l’aurore boréale
Sur le ciel d’ambre calcinée
Tu sais pas,
tu sais rien de tout ça

Tu sais pas
Les rigoles le long de tes propres omoplates
Que font rougir les baisers désinventés
Que j’exerce tous les soirs en rêvant de goulags
Où me perdre avec toi

Tu sais pas
Tu sais rien de tout ça.

Wanna quit?
C’est par là.

Exit. 3

Tu sais pas
Combien la douceur est abjecte
Et la redondance de la luxure
Et l’abondance que j’objecte
Et les regards de l’usure
Et la peau doucereuse qui s’éprend
Et ton corps qui ruisselle
Et ta paix, et ton doute de polichinelle

Tu sais pas l’ennui
Du regard des épris
Des hameçons que tu me harponnes dans la gueule
En me faisant une fleur comme un bouffon ferait de ses caoutchoucs

Tu sais pas l’abandon
Comme il me désole
Comme la simplicité est mordante
Chaque fois que tes yeux ne me percent pas
Et que rien de toi ne me touche que ton sexe
Et la pâmoison qui détrempe les draps,
Les vicissitudes dans l’air où tu me crois vicieux
Des éperviers revanchards

Tu sais pas.
Tu sais rien.
Opiniâtre inculture
T’as les yeux pleins
Et moi le cœur vide
Tu baves, tu craques, tu chancelles
Et tu rigoles d’être belle
Mais comme tu es laide au fond
Là où l’on sombre si tôt.

Tu sais pas
Tu sais rien de tout ça

Wanna quit?
C’est par là.

Dansité

On dit que je suis dense. Moi je dis que je danse. L’un et l’autre sont faux. Si le rapport massique d’un être, ou de son propos, si seulement on savait bien le soupeser, entretient quelque corrélation avec la matière brute qu’il contient, si le mouvement d’un corps inerte dans l’espace est aucunement rattaché à l’expression, brute aussi, de cette matière; si, encore, la lettre – elle seule – qui distingue un concept d’une vie, un phénomène, d’une expression de vie, la contention, de l’incontinence, n’est en fait qu’un seul caractère, qui prétend à s’élever plutôt qu’à s’affaisser, rien ne nous autoriserait pour autant à en faire un critère discriminant, entre l’un, et l’autre.

Lourd? Dense? De l’ordre de ce qui nous surprend quand nous essayons d’y prendre prise. Une caisse de livres. Une caisse vide. Un caisson. Une encavure. Une alcôve. Un chien qui s’y réfugie. Un bouvier bernois, blessé. Qu’a-t-il? Je ne sais. Pas. Du sang. Du sang de chien, chaud, qui s’écoule, laissait une trace, sur le sol, à chaque pas qu’il a fait pour aller se recroqueviller, sans pleurnicher, dans un terrier inventé. Sang qui croûte sur son poil. Un peu de lui qui existera là, jusqu’à ce que la pluie le délave, là sur le sol qu’il a foulé. C’est une partie de son existence, qui s’étend, du lieu de la blessure jusqu’au nid de sa mort.

Ce ne sont pas tant d’indices de son passage, tant de salissures sur le monde aseptisé qu’il arpente, ce sont, chacune de ces souillures de sang, chaud, puis froid, ce sont des témoignages. C’est la matière dont il était constitué qu’il laisse derrière lui, qu’il répand sur le monde. Avant de s’en éclipser. On verrait, çà sur le trottoir, un rein, là devant une porte, une canine, ici, sur votre pied, son cœur, il en serait la même chose : un bouvier bernois qui meurt.

Une pièce de casse tête laissée à l’abandon sur le tapis, ou une autre pièce déchiquetée, retrouvée en poussière dans un cendrier, ça demeure un morceau manquant, une tuile arrachée, un pixel noir sur l’image.

Au chien, dans l’alcôve, il manque des tuiles. Est-il moins canin tant qu’il n’en meurt pas? Et s’il crève au bout de son sang, on n’en dira pas moins de son cadavre que c’est un chien. Mort.

Ainsi je crois que l’on meurt peu à peu. Que l’on perd du sang, témoignage de chaque souffrance, tout au long de la vie. Que les pièces, une à une, sont perdues et nous demeurons des casse-têtes aussi longtemps que l’on reconnaît une image. Après quoi nous dirons « c’était un puzzle ». De certains, un peu plus fortunés, « c’était un joli puzzle ».

— Un sale casse-tête, ce mec. Ça m’a pris des jours pour parvenir à le faire. Maintenant il est trop incomplet.

Dense? Lourd? Ce qui contient beaucoup. Une image impressionniste, toujours, aux couleurs innombrables. L’impression d’un relief, et quelques faux-semblants. Le chien dans l’alcôve est-il mort? Le voit-on respirer, le perçoit-on remuer, de douleur, la queue, bouger une patte de derrière? L’entend-on râler, tandis que la mare de sang dans laquelle il baigne s’étend. Se densifie.

Inutile, désormais, de lui apporter quelque soin. Sans objet. Caduc. Un peu de tempérance, peut-être, pour alléger sa souffrance, un départ. Vainement. Toutefois nous pourrions, un court moment, ou pour des années, ou jamais, danser. Danser pour lui, danser pour nous. Tanguer sur la houle qui se forme à la surface d’un océan de sang noir.

Bombs over a blue shelter

J’ai eu envie de t’écrire une longue lettre pathétique. Ce sera la seule. Parce que les motifs de le faire ne sont pas illimités, parce que tes raisons de la lire, elles, le seront, et ton envie de lire ira décroissant. La lecture ira s’accélérant, et tu perdras l’essence du propos. Tu chercheras la signification profonde trop profondément, et capteras les évidences trop superficiellement. C’est normal. J’ai déjà écrit avant, mais surtout j’ai déjà lu, suffisamment de ces écurages de vieilles veines. Pour savoir.
Pour savoir que les grands ménages font toujours ressurgir la vieille poussière, qu’il ne vaut rien mieux récurer que pour trouver plus crasse qu’on ne savait exister, et j’ai en horreur l’humiliation de l’habitation/la maison/chez soi/dedans/son intérieur malpropre. Alors on n’invite qu’une seule fois les gens et on les invite à garder leurs chaussures par surcroit. Qu’ils souillent à leur aise et à leur convenance, eux ne reviendront pas en ces lieux. N’est-ce pas s’éviter le risque qu’ils perçoivent une fois prochaine. Cette boue qu’ils avaient laissée là, malencontreusement. Près du pot à parapluies. Là où toi moi d’autres qu’importe oublions toujours de nettoyer. Alors la prochaine fois, tu ne verras que le paillasson. Cette lettre est unique.
Pourquoi seulement est-elle?
Va savoir ce qui se tramait chez les ancestraux, toi. S’il « bâtit des villes », l’homme n’avait – naïve jeunesse! – pas dans l’esprit que de faire la guerre. Ni, je crois, ni que d’y pallier; nous savons ce qu’il en est de sa sociabilité, celle-là qu’il invente et désinvente à chaque étrange qui sonne la cloche au portillon de la cité.
La maison, la cité, l’Abitation de Jacques, ce sont tous les mêmes intérieurs, tous les mêmes espaces privés où l’on entre sans se déchausser. Le contact de la plante du pied aux sols prochains peut être immonde. Gardons une petite gêne.
Pourtant, dis-moi, quand saurions-nous prévenir de nous immiscer dans ces villas, ces taudis, quand tolérerions-nous de ne pas nous vouloir hôte des grands voyageurs? Tu as parcouru plus de Terre que moi; les portes ouvertes ne sont-elles pas plus fréquentes que les portes fermées? Qui, et pour quelles raisons, t’aurait refusé l’hospitalité à Reykjavík ou à Xian Shan? Même les grandes barricades ont eu des portes ornementées, où se tenait un huissier, une sœur portière, disposés dans l’attente de visiteurs. L’huis clos est une vue de l’esprit existentialiste, rarement une vérité.
La vérité, ce serait sans doute plutôt que nous disposons des portes pour qu’elles soient franchies, que nous érigeons des murs pour qu’ils soient mitoyens, que nous perçons des fenêtres pour qu’elles aient vis-à-vis et pour limiter les jours de souffrance.
Tu peux croire en cette lettre comme un indice de grégarité, une porte entrouverte sur un abri de fortune. C’est une jolie bâche bleue piquée aux quatre coins sur des poutres hasardeuses, exposant tout aux grands vents comme à la brise doucereuse de juin, et la pluie ruisselle aujourd’hui le long des câbles d’arrimage. Difficile de décider ce qu’est la porte, ce que sont les ouvertures, pourtant j’ai balayé la terre battue…
Je ne connais pas ta demeure. Toutefois j’ai rencontré au hasard des balcons un architecte de ton trouble. Nos pénates présentent ces jours-ci quelque similarité. Rien n’est plus commun, pourras-tu dire, qu’un toit qui coule. Suffirait d’enserrer la scène dans des manteaux d’Arlequin, que rien n’y paraisse.
* * *
Je t’entends d’ici, et je projette le regard. « Câline, y’est ben intense, lui! » Je souris de cela. Je choisis le camp du divertissement, là où les funambules ne font que filer sans jamais proposer de tension au public. De tendue, n’y a que la longue corde sous leurs pieds, qui les mènera d’une tourelle à une autre, d’un coin du chapiteau, à un autre, parce que c’est ainsi que le spectacle est orchestré. Ce sont les Shriners sans lions, Eloize sans Finzi Pasca, du Soleil sans génie, sans eau et sans SSI.
Donc je souris du regard que je t’imagine. Il faut savoir ranger les Polichinelle et autres virulents Guignol, ne pas toujours doubler l’ironie du hasard de l’ire honnie des hommes. Moi qui rêvais d’être Lélio, le beau niais amoureux, subtilement drôle et délicatement colérique ; s’il faut encore que je me rebiffe de ne l’être pas, n’insistons pas sur le fait qu’il a l’Isabella pour amoureuse.
Cette tradition, c’est d’une amertume sans borne, de quoi se lancer en bas des planches, pourfendre les rieurs agglutinés, les pourfendre collectivement aussi bien qu’individuellement. Parce qu’on les honnit qu’on les exècre qu’ils nous font la vie dure, et qu’il y a des écrans partout, pour nous relancer au visage l’image du rire, en surimpression sur les rushs pour vrai, sincères, honnêtes, mieux joués, des acteurs de soutien. Les reportages montrent toujours les rieurs plus longtemps que les marionnettes. On préfère la réaction à l’action.
Heureusement les ficelles, la croix, les marionnettistes ou le directeur qui nous soumettent. Heureusement le rideau, et tout ce code avec les parisiennes et le cyclorama. De quoi encadrer l’action.
Heureusement, en toute chose, les limites, celles qu’on sait franchir, celles qu’on ne peut. Il y a des lointains qu’on ne sait pouvoir outrepasser, et l’on sait enfreindre quelque foi le cas échéant. Il faut savoir quand l’action devient plus immense qu’elle-même.
* * *
Je me suis entendu hors-champ ces derniers jours. Et des échos de toi. Ta voix contre les murs des autres, parce que je suis à horizon ouvert, sous la bâche. Retentissements de petites maladies mentales qui happent la théière, la font vibrer, et les ronds dans l’eau. Ciel et nuages qui y flottent, vent froid, vent chaud. Les voisins de couverture mexicaine qui papotent Star Ac’ sur le bord de l’étang factice.
Ha! Voilà : on s’en fiche. S’en fout. C’est de l’halluciné. Relève du halo de lumière que provoque un projecteur à contre-jour. Aveuglés, nous voyons bien ce que nous voulons. Ou rien, et c’est du pareil au même.
Ça n’empêche pas de cligner des yeux, de plisser le front, de détourner le regard, d’être surpris, pincé, d’être sensible au cinérama de l’esprit. Tout bouge, tout le temps, trop vite ou trop peu. Que les larmes pour se mouvoir hors du temps, parce qu’elles creusent des sillons, sur lesquels on bâtit des ponts. Parfois.
Attends! je ne suis aucun apôtre de la fraternité dans la déception. Je te dis fantoches et chapiteaux, comme on demande « ça va? » une première fois. C’est purement phatique. Pour ça que je demande toujours deux fois. Savoir les murs des autres, savoir naviguer entre et au travers d’eux.
N’est pas faux de dire que je suis sans cloisons, sans murs. Malgré ce que tu crois, malgré ce que tout le monde croit. Mais le périmètre de la toile bleue est un no trespassing border. Au-delà, ce serait le no man’s land. Mais combien de plans d’architecture as-tu vu entièrement respectés? Et les plans d’urbanisme, à la guerre?
Quand les lieux connus explosent, qu’on tire à bout portant sur les installations bringuebalantes temporaires que nous avons nous-mêmes érigées, parce qu’elles ne conviennent plus, qu’elles sont occupées par la mauvaise personne.
Les populations envahies se dérobent, se désistent, disparaissent. Ce n’est pas exactement capituler. Aucune arme n’est posée au sol sous un linceul récupéré pour en faire un drapeau, blanc. Ceux-là sont toujours des drapeaux entachés, de toute manière. Non, c’est plutôt s’éloigner, occuper un autre quartier de la ville, dont les fenêtres ne sont pas toutes éclatées encore, où il reste des édifices, où le béton n’est pas tout fissuré, où les linteaux indiquent encore qu’il y a peu prenait vie le quotidien de citoyens ordinaires.
Et de là, lancer des grenades. Sauter les camps de fortune précédents. Dérober à cette famille leur mère. À ce régiment leur régent. Maraudeur de bas niveau qui lutte pour survivre.
Il n’y a pas de plan qui vaille dans ces circonstances, bien qu’on essaie.
Il suffisait de voir qu’on avait prévu un no man’s land. Que le camp de fortune était peut-être un slum à lui seul. À moi seul. Me suis poussé, lorsqu’on a voulu m’y joindre.
* * *
As-tu vu ma nouvelle demeure, Florence? Toute de pierres à l’extérieur. C’est grand, c’est beau. Y’a pas l’électricité, mais on fait avec. Je sais, je sais, la guerre n’est pas terminée. Je vais attendre avant de changer les carreaux brisés, devant.
Tu as vu, sur le linteau? C’était une bibliothèque, avant. J’ai mis beaucoup de livres dans le hall du rez-de-chaussée. Je voulais disposer d’un peu plus d’espace… habitable, disons. Mais en haut, je n’ai touché à rien. Les rayons sont là. Le soir, je lis Marguerite. Son mari a eu beau être un con, elle, je l’aime bien. Ou des trucs plus récents. Ça ne fait vraisemblablement pas si longtemps que les bibliothécaires se sont poussés. Quand même, ils sont partis avant que je n’arrive. C’est-à-dire que… enfin… J’étais là, mais ils ne savaient pas véritablement.
Je sais, ce n’est pas exactement chez moi. Pas exactement accueillant non plus. Mais ça nous change de la bâche bleue. Un peu de brise qui filtre, mais c’est quand même moins exposé. Je l’ai gardée, tu sais. La bâche. Elle est pliée dans la petite voûte, derrière. On ne se sépare pas si facilement des artéfacts de la guerre.
Je ne sais pas si ça finira un jour. Quand c’est trop lourd, j’essaie de me remémorer le cirque. Avec un peu d’imagination, les bombes rappellent le gong et la pyrotechnie.
Tu veux un thé?

Les étoiles s’alignent peu souvent, quoi qu’on en dira. Le temps fait-il bien les choses, qu’il les défera aussitôt et qu’il faudra encore accepter qu’il en soit ainsi (amen) bien que cela fut souffrant. Qu’y a-t-il à faire de la douleur et de l’exécration? Qu’y a-t-il encore à faire de l’adversité, de la fraternité ternie ou de l’amour désolé?

Le temps fait les choses, à ce que l’on dit, et Florence n’y sera jamais pour rien. Elle parcourt la vie aujourd’hui, comme je parcours les rues à faire la bise à des inconnus, et regretterai de n’avoir pas, sur mes joues, la trace féconde de ses lèvres ou de sa joue, car Florence est libre, d’une liberté légère et délicate, d’une assurance, pourtant, forte et de conséquence.

Comme j’aimerais avoir maintenant le courage de la côtoyer, la force douce, et la tranquille conscience de dérober au désespoir un seul regard empreint du désir le plus subtil qui soit, de la seule envie que nous partagions….

… une vulgaire poutine avec ou sans sauce.